Cadeau d'île [Santorin]
[Carnet de voyage 23/52 de l'année - il forme un duo le texte n°22 de la semaine précédente]
Peut-être suis-je fatiguée. Je ne sais pas. On ne pas ressentir la fatigue, malgré le sac lourd sur le dos, malgré la chaleur, malgré la marche, quand on est sur ce sentier-là, quand on fait lien entre deux point de cette île en longeant la mer.
Mes yeux se rincent sur les autres monticules qui forment l’archipel en croissant de lune et sur la douceur d’Oia. Avec les heures de marche, l’après-midi s’égrène. Le ciel perd la couleur de la mer et braise la journée sans nuages. Derrière, au loin, Fira fait sa belle de sa robe blanche, essayant de surpasser Oia.
Plus j’approche de la pointe de l’île, plus le chemin s’élargit, se pave, jouant à être propre, à faire oublier la poussière du chemin. Je retrouve, dans la douceur du soir, la fraîcheur gardée des ruelles, les maisons blanchies à la chaux et parsemées de coupelles bleues, des églises comme des sculptures vivantes. Je traverse la ville. Je traverse le blanc. Et j’arrive dans un champs d’herbes folles comme une terrasse au-dessus de la mer. Les herbes sont hautes, les fleurs éclosent. C’est ici.
Je pose enfin le sac trop lourd vidé de ses litres d’eau. Je dénoue les lacets de mes chaussures de marche dans lesquelles mes pieds sont mouillés. Et je déplie, pieds nus, la tente dans cette prairie sauvage. Quand les étoiles ont tapissé le ciel devenu noir, mon lit est installé au bout de Santorin.
Avec une lampe frontale aux piles fatiguées, je cherche un chemin parmi les herbes hautes pour remplir cet estomac remué plus tôt par les vagues. Au bout de la prairie, une route de terre et de rocaille. Pas d’autre lumière que la torche en fin de course. La route descend doucement vers la mer – un voile noir qu’on ne distingue plus – quand soudain je découvre des lampions guirlandés sur une paroi rocheuse.
Là, un restaurant est accroché à la falaise. Construit sur pilotis, il est fait de planches en bois et s’étend au-dessus de la mer, très haut au-dessus des premières vagues. Je finis ici ma journée, assise parmi des coussins moelleux, sur un banc de bois, les coudes sur la balustrade, à manger la mer à une terrasse ouverte et illuminée de lampions.
Les îles grecques m’ont toujours nourrie de leurs cadeaux.
🌟Ce texte est inspiré d'un voyage à Santorin en mai 2014. Il s'inscrit dans le projet annuel "Carnet de voyage" : en 2018, je partage toutes les semaine un texte sur le thème du voyage sur ma page Facebook et le blog.
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