Quoi qu'il fasse
Il est accoudé à la colonne, devant la porte battante
Il est là pour nous empêcher de rentrer, pour la sécurité
Je vois bien qu'il s'ennuie, il a les pieds croisés, ses grosses chaussures de gendarme sont des ancres qui le racine
Il écoute avec nous la poésie retransmise sur grand écran
Il regarde avec les sourcils haut sur le front - parce que l'écran est haut, parce qu'il ne comprend pas ce qu'on fait là
Il ouvre la bouche - c'est un bâillement
Mais
Quoi qu'il fasse la poésie entre par ses yeux ses pores ses oreilles
On n'échappe pas à cette femme porteuse de messages
Ce soir à la soupe - quoi qu'il fasse - il parlera d'étoiles De ciels trop lourds et D'enfant soleil
De ponts entre les murs De murs entre les ponts De murs et de ponts qui s'en vont à vau-l'eau
De cheval rose qui court De terres imbibées de rêves Du temps qui passe comme un nuage au-dessus de nos têtes
De miroirs aux moineaux De perroquets au pays de la neige
De sang qui nourrit à contre-temps des battements de nos coeurs
De notre monde hors du monde en train de chercher sa rive
Ce soir - quoi qu'il fasse - il parlera poésie
Saynète pendant la retransmission sur écran de la soirée lecture de poésie et concert avec James Noël ("la migration des murs") et Arthur H à la médiathèque Émile Zola de Montpellier le 7 mars 2017